Cette mesure imposée par la Commission avec l’accord des gouvernements s’explique par la diminution des ressources halieutiques. Les pêcheurs accepteraient ces quotas s’ils étaient sûrs que les mesures de contrôle scientifique sont objectives.
Ce n’est malheureusement pas le cas. Les mesures s’effectuent de jour alors que les pêcheurs savent depuis toujours que les poissons sont plus nombreux la nuit. Certaines espèces font l’objet de quotas, pas d’autres.
Mais le plus grave est ailleurs. Les pêcheurs ne comprennent pas pourquoi la Commission leur impose des quotas aussi modestes qui ne leur permettent plus de vivre, alors que cette même Commission autorise dans le cadre d’accords internationaux des quotas très supérieurs à la Norvège.
Ainsi pour le cabillaud, la Norvège bénéficie d’un quota de 450 000 tonnes alors que la France n’en bénéficie que de 25 000 tonnes. Mais le comble est que les chalutiers norvégiens vont vendre leur cabillaud sur les marchés de l’Union européenne. On retrouve là l’éternelle bonne volonté de Bruxelles, si désireuse de soi-disant montrer l’exemple aux autres, posture à la fois angélique et hypocrite, servant à masquer son esprit de capitulation, qui se traduit systématiquement par le fait que les Européens sont les cocus de ces marchés de dupes.
Une monnaie surévaluée, des droits de douanes inférieurs à ceux pratiqués par les zones concurrentes (à commencer par l’ALENA – Etats-Unis, Mexique, Canada – dont les droits d’entrée pour les produits manufacturés s’élèvent à 8% contre 4% seulement aux portes de l’UE), des accords agricoles où l’Europe s’interdit de produire ce dont elle a besoin (calamiteux accords de Washington de 1994), un GPS européen (Galiléo) qui a renoncé aux fréquences les plus fiables sous la pression américaine, condamnant toute application militaire, etc.
Et donc aussi, des quotas de pêche ridicules accordés à la France pendant que des quotas gigantesques ont été lâchés à la Norvège en échange d’on ne sait quelle contrepartie, profitant à on ne sait quel pays ou entreprises…
La Commission de Bruxelles, les Etats membres sans rivages maritimes, ignorent-ils donc l’importance majeure de maintenir des activités de pêche et des « gens de mer » pour des pays comme la France ?
Au vrai, peu importe, ils n’en ont rien à faire et c’est bien pourquoi ils s’empressent de sacrifier nos intérêts pour servir les leurs.
Voilà une belle illustration (une de plus, hélas) de ce qu’est en réalité la « solidarité européenne », imposture qu’on jette fréquemment à la figure aux euro-critiques en les accusant d’être d’odieux nationalistes. Mais est-il nationaliste, ce patron-pêcheur rencontré dans le Pas-de-Calais, qui m’expliquait que le second semestre 2008 avait été tellement mauvais qu’il avait dû verser à ses marins des salaires inférieurs au minimum légal ?
Et il s’en trouvera encore à Paris et à Bruxelles pour s’étonner que la révolte gronde…